La tendance de la dette nette

Je vous parle de la dette. Mais vous pouvez me dire : "L'Etat est endetté, mais il a des actifs!".

Voyons voir ça :

Ce graphique est issu d'un article très intéressant disponible sur le site du Sénat.

Les actifs financiers comme non financiers diminuent petit à petit, suite aux privatisations et aux ventes immobilières. Théoriquement, si l'Etat engrange du cash par la vente d'actifs, il devrait réaliser un excédent budgétaire à la mesure de ces cessions, de sorte que la dette nette soit inchangée. Hors il a au contraire fait des déficits, et nettement supérieurs à ces rentrées d'argent !

En réalité, la dette nette (dette - actifs) se dégrade ainsi beaucoup plus vite que la dette brute !

Illustration : en 2006 Thierry Breton annonce une réduction de 2,3 points de PIB de la dette (cf note d'hier), alors que le déficit est de 2,5% du PIB (ce qui veut dire normalement que la dette a augmenté). Comment a-t-il réussi ce tour de force? C'est de la pure comptabilité ! Je m'explique : Thierry Breton a fait en sorte qu'on utilise mieux le cash disponible de la Banque de France (30 milliards dormaient en quelques sortes). Il a donc diminué les actifs de l'Etat (ces 30 milliards) pour diminuer la dette brute de 30 milliards. De même, il a fait en sorte que les acomptes d'impôts sur les sociétés soient versés plus tôt à l'Etat. Ce sont deux bonnes mesures, dans le sens où on n'aura plus à payer le service de la dette sur cette somme maintenant qu'elle est mieux gérée mais cela ne change rien à la richesse de la France. La dette nette a bien augmenté de l'équivalent de 2,5% du PIB. Surtout, cela ne représente en rien une réduction de dette reconductible. D'ailleurs on n'entend pas trop l'ami Breton sur le déficit prévu pour 2007... Il sera surement de 2,5% aussi. Et à ce niveau, j'attends qu'il m'explique comment la dette va encore baisser !

En plus, les deux finalistes d ela présidentielle ont tous deux des programmes qui doubleraient le déficit. Mais en principe, s'il y a bien une chose sur laquelle on peut leur faire confiance, c'est pour ne pas tenir leurs promesses !

Alors que la dette brute s'est dégradée de 45% du PIB entre 1980 et 2006 (de 20% à 65%), la dette nette s'est accrue encore plus vite, de l'ordre de 50 à 55% du PIB. Le détournement ainsi réalisé par les baby-boomers au détriment de leurs enfants représente la bagatelle de mille milliard d'euros.

Si vous me citez une raison valable pour justifier l'augmentation de la dette nette de mille milliards entre 1980 et aujourd'hui, j'en serais très heureux. Mais comme hélas il n'y en a pas, je réclame donc au nom de ma génération le remboursement de cette somme. Et encore c'est un minimum, nous devrions réclamer plus, beaucoup plus, je développerai demain pourquoi (attention, ma note de demain va être "choc" !).

Oui, baby-boomers, vous nous devez 1000 milliards d'euros !