Conséquences de la dette, les scénarios
Voici les scénarios élaborés par Loïc Abadie, un blogueur plutôt pessimiste sur l'avenir de l'économie :
"a) Le scénario le plus optimiste :
Les états poursuivent leur fuite en avant dans le déficit, mais les épargnants nationaux prennent le relais des financeurs étrangers pour financer celui-ci, permettant aux taux de rester bas pendant des années.
L’ennui dans ce cas est que les plans de relance deviendraient rapidement inopérants : Tout l’argent dépensé par l’état pour relancer l’économie finirait simplement dans les bas de laine des épargnants (contrairement à la situation actuelle de reprise artificielle où de « gentils » mécènes étrangers paient les ménages européens et américains pour que ceux-ci puissent consommer autant qu’avant pendant quelques temps encore). La récession et la déflation font alors son retour.
b) Le scénario rigueur / déflation
Les états prennent conscience du danger à temps et donnent un gros tour de vis budgétaire (coupes dans les dépenses + hausse des prélèvements), cela provoque un retour à une situation de récession / déflation, mais préserve la confiance des marchés dans les états. C’est évidemment le scénario qui est le moins mauvais à long terme.
Vu la situation de fuite en avant actuelle, qui atteint des niveaux totalement délirants, il faut être conscient que ce tour de vis devrait être rapide et de très grande ampleur pour simplement approcher l’équilibre budgétaire : Le budget 2010 envisage ainsi des recettes nettes (après prélèvements des collectivités territoriales et de l’Europe) de 169 milliards et des dépenses nettes de 322 milliards : Les recettes nettes (fiscales et autres) couvrent ainsi à peine plus de 50% des besoins de notre état, le reste n'étant que de la fuite en avant dans la dette !
c) Le scénario argentin :
L’état tente de limiter ses déficits, mais son action n’est pas suffisante et pas assez rapide pour rétablir la confiance des marchés. Après une période de déflation et de crise, pouvant durer plusieurs années, associée à des défauts d’un nombre croissant d’états, puis à l’éclatement de la zone euro, la pression des créanciers devient telle que notre état doit se déclarer en situation de défaut.
Il négocie alors avec ses créanciers un remboursement partiel de sa dette suivant un scénario de type argentin (les détenteurs d'obligations d'état qui veulent être remboursés rapidement touchent par exemple 30% de la valeur de leur créance, ceux qui sont moins pressés 60%…etc).
La monnaie se trouve fortement dévaluée, le pouvoir d’achat et les niveaux de protection sociale chutent fortement, jusqu’à ce que les salaires rendent la France de nouveau compétitive sur le plan international.
L’économie repart ensuite sur des bases assainies.
d) Le scénario « planche à billets ».
L’état décide ici d’explorer la fuite en avant jusqu’au bout, refuse de reconnaître sa situation de faillite quand il ne parvient plus à trouver d'acquéreurs étrangers ou nationaux pour sa dette, et décide de faire acheter sa propre dette par la banque centrale (après sortie de l’euro), imprimant ainsi la monnaie dont il a « besoin » pour financer son déficit.
Dans ce scénario qui est quand même pour le moment le moins probable et le pire imaginable, notre monnaie perdrait rapidement toute sa valeur et toute sa crédibilité à l’international.
Le pays ne pourrait plus s’approvisionner à l’étranger en matières premières et en pétrole, et les fonctionnaires (notamment l’armée et la police) seraient payés dans une monnaie sans valeur. Ce serait une situation évidemment explosive rendant possible toutes sortes de dérives totalitaires ou anarchiques.
e) Le rôle du FMI
On entend actuellement beaucoup parler du FMI comme "sauveur potentiel" des états en difficulté. Mais là encore il faut être réaliste : L'essentiel des ressources du FMI provient des USA et de l'Europe, c'est à dire d'états surendettés.
Une aide du FMI (tout comme le plan de soutien de l'Europe à la Grèce), ce n'est au final que des états surendettés qui empruntent de l'argent pour pouvoir permettre à un état encore plus surendetté de continuer sa fuite en avant. Cela revient à creuser une série de trous pour boucher un trou plus petit !
Ajoutons à cela que les ressources du FMI sont d'environ 239 milliards de $ (ligne IX de ce tableau, ce qui représente moins de 13% du montant de la dette d'un état moyen comme la France.
En cas de défaut d'un seul état moyen type France ou Angleterre, le FMI serait donc totalement dépassé, et le serait encore plus dans un contexte de défaut de plusieurs états :
Nous ne pourrons en aucun cas compter sur le secours du FMI pour des états de la taille de la France."
Et voici un commentaire optimiste (en partie possible mais ce ne sera pas suffisant pour réduire les déficits de plus d'1/2 pt de PIB par an) publié en réponse à cet article :
"Loïc
f-
Tout le monde loue la présence d'esprit de nos décideurs qui nous ont permis de traverser cette crise sans trop de casse. "