Déficit public 2009 : résultats provisoires
Vous trouverez ici la publication officielle de ce jour de l'INSEE sur le déficit et la dette 2009, résultats provisoires. Ils sont dans une certain mesure rassurants : le déficit de l'Etat seul s'établit finalement à 117,6 Mds€, alors que le projet de loi de finances 2010 l'estimait à 141 Mds€ en octobre. Mais c'est dans une certaine mesure inquiétant : c'est la confirmation de ce que j'avais dénoncé publiquement sur Agoravox à ce moment là : le gouvernement a présenté le budget 2010 de manière mensongère car le déficit de l'Etat n'a en fait jamais été prévu à 141 Mds€ ! Il s'agissait du déficit public total.
Ainsi quand le Projet de Loi de Finances du gouvernement indique, page 16, "En 2010, le déficit budgétaire serait en amélioration de 25,0 milliards d’euros, pour atteindre 116,0 milliards d’euros", en comparant le déficit public (etat + sécu + autres administrations publiques) 2009 au déficit de l'Etat seul 2010, il a menti ! Le déficit ne va pas baisser sans effort en 2010 qu'on se le dise !
Ci-dessous la présentation faite par la presse, avec un vocabulaire moins technique que l'INSEE.
"Le déficit public de la France a atteint 7,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2009, à 144,8 milliards d'euros, un montant moins élevé que prévu mais qui reste un record historique, selon des résultats provisoires publiés mercredi par l'Insee. De son côté, la dette publique s'élevait fin 2009 à 1.489 milliards d'euros, soit 77,6% du produit intérieur brut (PIB), contre 67,5% du PIB en 2008.
Ces niveaux restent bien supérieurs aux limites autorisées par les traités européens: 3% du PIB pour le déficit public (Etat, comptes sociaux et collectivités locales) et 60% du PIB pour la dette.
Dans ses dernières prévisions officielles, le gouvernement tablait pour 2009 sur un déficit de 7,9% du PIB, avant un nouveau record à 8,2% à 2010. Il s'est engagé à le ramener progressivement à 3% en 2013, comme Bruxelles l'exige.
Attendue à 83,2% du PIB cette année, la dette publique progresserait quant à elle jusqu'à 87,1% en 2012 avant de commencer à refluer en 2013 (86,6%).
Selon un communiqué des ministères de l'Economie et du Budget, la dégradation du déficit public par rapport à 2008 est "intégralement liée aux effets de la crise mondiale" qui a provoqué une baisse des recettes fiscales et nécessité des dépenses supplémentaires pour soutenir la croissance économique.
Cette dégradation un peu moins mauvaise qu'attendue s'explique en partie par une "meilleure tenue des recettes" fin 2009 et par "des investissements locaux qui se concrétisent un peu plus lentement que prévu initialement", affirme Bercy.
Dans le détail, le déficit de l'Etat s'est aggravé de plus de 62 milliards d'euros pour atteindre 117,6 milliards, soit plus de 81% du déficit public total de la France. Parallèlement, le "trou" des administrations de Sécurité sociale s'est fortement creusé sous l'effet de la crise, passant de 900 millions en 2008 à 25 milliards l'an dernier.
De leur côté, les collectivités locales affichent un déficit de 5,6 milliards, en amélioration de 3,1 milliards par rapport à 2008. Ce déficit représente moins de 4% du total.
De 2008 à 2009, le déficit se creuse de plus de 80 milliards d'euros sous l'effet de la forte baisse des recettes publiques (-4,3%, contre +2,6% en 2008) et de la hausse des dépenses (+3,8%), dont le rythme de progression reste toutefois inchangé par rapport à 2008, souligne l'Insee. L'an dernier, les impôts sur le revenu et le patrimoine ont baissé de 16,6% sous l'effet de la crise et des mesures incluses dans le plan de relance, ajoute l'Institut national de la Statistique. "En particulier, par rapport à 2008, l'impôt sur les sociétés diminue de 28,6 milliards d'euros, l'impôt sur le revenu des personnes physiques de 4,9 milliards et les recettes de CSG de 2,1 milliards". Les "impôts sur les produits" (TIPP, droits de mutation, etc.) résistent mieux, ne baissant que de 1,3%, le recul de la TVA étant partiellement compensé par la hausse de certains impôts locaux. Au total, le taux de prélèvements obligatoires diminue de 1,6% en 2009, à 41,3% du PIB, en raison de la forte contraction des impôts (-8,0%), selon l'Insee.
La lutte contre le déficit public sera "la pierre angulaire" des réformes que souhaite mener le président Nicolas Sarkozy durant les deux dernières années de son mandat, selon le ministre du Budget, François Baroin. "Nous allons, dans le cadre du budget triennal 2011-2013 adresser un message très fort d'inflexion du déficit et de maîtrise des dépenses", déclare le nouveau ministre, entré au gouvernement la semaine dernière. "C'est indispensable pour donner confiance aux ménages et aux contribuables, car sinon ils risqueraient d'épargner par précaution et de moins consommer."
Il ajoute : "la révision générale des politiques publiques (RGPP) porte ses fruits et permet de réduire les dépenses et le nombre de postes de fonctionnaires sans altérer le service rendu au public, sans affecter notre modèle social. De toute façon, il n'y a pas d'autre solution pour le préserver. Et tout le monde en est convaincu dans la majorité, que l'on soit chiraquien ou sarkozyste : la priorité est d'agir sur les dépenses car les prélèvements sont déjà très élevés."
La deuxième conférence sur le déficit aura lieu mi-mai. Voici ce qui était ressorti de la première.