Déficit public supérieur à 8% du PIB !

Quelle cacophonie ! Difficile de s'y retrouver dans les articles de presse d'aujourd'hui sur le déficit public tant les approximations, les erreurs, les incohérences voire les mensonges sont nombreux dans les articles essayant de relater ces chiffres !

Il faut dire qu'ils ne sont pas aidés par le premier ministre qui annonçait dimanche dans une interview au JDD un déficit public total qui "atteindra 140 milliards, tous comptes publics confondus, soit 8,2 % du PIB". C'est faux, le déficit de l'Etat seul s'établit déjà à 141 Mds, mais les autres organismes publics sont eux aussi en déficit, et de plus de 25 milliards !

Et derrière un paquet de journalistes, du Monde et du JDD par exemple, répêtent bêtement des chiffres incohérents sans les comprendre et encore moins les remettre en question. Comment voulez vous que leurs lecteurs comprennent quoi que ce soit ?!

Même La Tribune se trompe, en évoquant un déficit de 115 milliards qui représenterait 8,2% du produit intérieur brut (PIB) français" (en réalité le PIB étant de 1850 Mds€, les 115 Mds€ du déficit dont ils parlent - celui de l'Etat seul - représente 6,2% du PIB). Ils ajoutent d'ailleurs "et portera la dette à 42,5 milliards d'euros, soit 84% du PIB". Ah ce que j'aimerais que la dette ne soit que de 42,5 Mds€… Il ne s'agit pourtant là que des interêts payés sur la dette CHAQUE ANNEE !

De mes lectures, seuls Les Echos remontent le niveau en ne reprenant que les chiffres cohérents. De plus ils rappellent fort justement que le déficit public 2009 a été révisé à la hausse sept fois depuis un an (de 52 Mds€ en Loi de Finance initiale en septembre 2008 à 150 milliards aujourd'hui, et bientôt 175 mais ce n'est pas encore officiel) ! Paradoxe remarquable, entre le 21 juin et cette semaine, la croissance a été revue en hausse (-2,25% au lieu de -3%) mais le déficit aussi (de 125 à 150 Mds€) !

Voici donc les chiffres les plus probables, cohérents et clairs de déficit et dette publics, même s'il est difficile de distinguer la réalité entre les erreurs et les mensonges ! Le déficit public en 2009 sera d'environ 175 milliards d'euros (soit 9,3% du PIB ; je n'ai pas encore trouvé d'explication claire justifiant le déficit de 8,2% annoncé par le gouvernement... ), répartis en :

• 141 Mds€ de déficit de l'Etat (multiplié par 2 en un an à cause de recettes qui ont baissé d'un tiers !). Je suppose que les 141 Mds€ annoncés aujourd'hui sont un erreur ou un mensonge, car sinon cela voudrait dire que le déficit total dépasse déjà 9% du PIB cette année !
• 25 Mds€ pour les organismes de sécurité sociale (multiplié par plus de 25 en un an !), correspondant au déficit du régime général de la sécurité sociale, l'assurance chômage et les retraites complémentaires étant à peu près à l'équilibre
• environ 10 Mds€ pour les administrations publiques locales, déficit quasi-stabilisé par l'augmentation des taxes de 6,1% en moyenne nationale (+3,6% pour les taux calculés sur une assiette revue en hausse de +2,5% par l'administration fiscale)

La dette publique atteindra ainsi au moins 77% du PIB (env 1460 Mds€) à la fin de 2009.

Pour 2010, le gouvernement pense maitriser le déficit à 8,5% du PIB, mais en prenant des hypothèses très optimistes, genre l'investissement des entreprises va augmenter (alors que leur taux d'utilisation des capacités est très bas, c'est-à-dire qu'elles ont plein d'équipements qui pourraient produire plus si l'activité rebondissait, même sans investir).

A mon avis, le déficit ne pourra qu'être supérieur et atteindre probablement 10% du PIB, soit 190 milliards d'euros, décomposés ainsi :

• 140 Mds€ pour l'Etat (stabilisé grâce aux rebond des recettes d'Impôt sur les Sociétés et malgré la baisse des dépenses de consommation - donc de TVA - et des recettes de l'Impôt sur le Revenu)
• 45 Mds€ pour les organismes de sécurité sociale à cause du chômage qui dépassera 10% début 2010 (contre 8% début 2009), dont 30-35 Mds€ de déficit pour le régime général de la sécurité sociale, 5 Mds€ pour l'assurance chômage et 5Mds € pour les retraites complémentaires
• environ 5 Mds€ pour les administrations publiques locales 

La dette publique en sera augmentée d'autant. Elle atteindra ainsi 87% du PIB (env 1650 Mds€) à la fin de 2010.

Après 2010, le gouvernement pense réduire le déficit d'1% du PIB chaque année grâce à une croissance de 2,5% par an ! Gageure ! Quelle naïveté : elle va encore nous conduire à un déficit bien pire (et à une dette supérieure au PIB fin 2012) puisque le potentiel de croissance est en réalité d'1% ! En fait, le déficit public augmentera tant qu'on aura pas décidé de le réduire activement !

Pour ne pas faire peur, je ne parlerais pas de ce qu'il faudra inévitablement faire et ce à quoi il faudra forcément renoncer pour réduire un déficit public de près de 10% du PIB, mais je pense que vous l'imaginez… Vous pouvez aussi observer se qui se passe ou s'est passé en Islande, Irlande, Royaume-Uni, Suède, Canada, Argentine ou Hongrie quand ces pays ont été confrontés au même problème, avec plus ou moins de succès. 

On aurait pu faire les choses plus en douceur si on avait écouté Nono dès 2006…

Comments

[Nono Ladette]

Oner, il faut éviter l'amalgame "dénonciation de la dette publique" = "dénonciation de la dépense publique".

A quoi sert la dépense publique et comment on l'utilise sont des vraies (et vastes) questions qui ont beaucoup d'interactions avec le reste de l'économie.

En ce qui concerne la dette, elle peut être étudiée comme une donnée isolée : elle ne doit servir qu'à financer des dépenses à long retour sur investissement (comme le "grand emprunt", duquel je serais plutôt un supporter, car j'aimerais que la dette publique de la France ne soit que de 35 Mds€ et non de 1500 Mds€ !) et à lisser les évolutions de la conjoncture (déficits en temps de crise, excédents en temps de croissance).

Mais quand la dette est utilisée structurellement pour financer la dépense publique courante, c'est inacceptable !

[oner]

Faire état d'un point de l'économie (la dette) sans même expliquer l'impact que cela a sur le reste de l'économie ou même à quoi sert la dette est finalement plus une manœuvre politique qu'un débat économique.
Parler de la dette aux français sans leur expliquer à quoi elle sert et comment on l'utilise n'est pas très intéressant à mon gout.
La dette n'est pas un problème en sois. Parlons plutôt de comment l'utiliser, ce sera surement plus constructif...

[Alain Dulon]

Nous avons payé 1306 milliards d’intérêts pour 1327 milliards de découvert ?
Mais les Français font ça tous les jours depuis 15 ans : avec COFIDIS et autres : crédit revolving. Pourquoi se géner ? C'est pas interdit ? Donc c'est autorisé.
Oui des taux de revolving à 23% alors que les banques recoivent l'argent de l'Etat à 1% - Nos enfants nous hairons. S'ils comprennent bien entendu.

[David C.]

La Dette de la France n’existe pas !
« La réalité est que la dette publique française est d’abord due aux intérêts payés aux établissements financiers auxquels nous avons emprunté. Pourquoi ? Parce que la loi Pompidou-Giscard du 3 janvier 1973, puis l’article 104 du traité de Maastricht, ont ôté le droit de création monétaire à la Banque de France et livré la monnaie aux banques et sociétés d’assurance. La dette fin 1979 était de 239 milliards d’euros, fin 2008 elle s’établit à 1327 milliards d’euros, soit une hausse de 1088 milliards en 30 ans, pendant lesquels nous avons payé 1306 milliards d’intérêts ! » Cheminade oct 2009
Les citoyens doivent dire NON à l’austérité sociale que la pensée dominante veux nous imposer!
Afin de faire face à la colère qui vient! Afin de faire face à la logique destructrice du système ! Afin de faire face au mépris de la classe dirigeante, en montant sur la scène de l’histoire! Afin de rompre avec la règle du jeu!
[...]
David C.
david.cabas.over-blog.fr

[namam]

Mais Nono ne veut pas être élu, et les décideurs, si! Même sur des mensonges, on le sait tous depuis longtemps!
Bon courage pour dire la vérité, Nono!
On est tous derrière toi!